Bingo !

On l’a bien entendu à Angoulême récemment, le militantisme franc-du-collier du collectif “Les Intervalles” portent ses fruits et fait clairement bouger les lignes. Synthétisées et publiées avec des moyens dérisoires, beaucoup d’huile de coude et une passion indiscutable, leurs remontées de terrain, de plus en plus massives et documentées, sont autant de pavés dans la marre des Bisounours.
Le dernier en date résume en creux les enjeux présents et à venir de l’ensemble des secteurs de l’imagerie et du marché en pleine mutation de la fabrication de contenus animés. Nul doute qu’il aidera un tant soit peu à optimiser une filière d’excellence qui aspire à l’être – excellente – en tous points.

Et pour reprendre espoir (si besoin était), vous pouvez aussi écouter l’instructive discussion sur la chaîne SoftPower “Comment sauver l’animation française“. On y entend des pistes de réflexion et d’engagement très inspirantes.

De nets progrès mais peut mieux faire

L’Observatoire de l’égalité femmes / hommes (Ministère de la Culture / CNC) a publié le 14 novembre dernier son rapport annuel sur l’évolution de la place des femmes dans les secteurs connexes du cinéma (live action, documentaire, animation) et de l’audiovisuel (tv, plateformes, …).
Ce document aussi salutaire qu’instructif propose :
• un panorama global de l’emploi des femmes dans les secteurs du cinéma et de
l’audiovisuel,
• des statistiques concernant la place des femmes dans la réalisation de films cinématographiques, dans la réalisation et l’écriture de programmes audiovisuels, parmi les chefs de poste de la production audiovisuelle.

Et pour l’occasion, toutes nos félicitations à Émilie Tronche, autrice et réalisatrice de la série animée de l’année (voire de la décennie), pour son prix de la “Personnalité de l’année dans le secteur de l’animation” décerné par Écran Total (veille professionnelle).
Plus de 4 millions de visionnages pour Samuel, toutes plateformes confondues…

L’emploi dans la production d’animation en 2023

Vous aimez lire ?
L’état du marché de la création animée vous concerne un tant soit peu ?
Vous vous inquiétez de la crise en cours ?
Prenez le temps de parcourir la récente étude publiée par Audiens et Anim’France.
Elle ne vous rassurera peut-être pas complètement mais vous montrera des signes plus qu’encourageants.

Vous n’aimez pas lire ?
Voilà des images qui bougent :

Big (up) 2024

Gros coup de mou ? Besoin urgent de sortir de la déprime ? Besoin d’entendre des paroles expertes vous parler positivement des vrais grands enjeux qui attendent la filière de l’imagerie et des industries créatives (capacité d’hybridation, bénéfices de l’éclatement en myriades de petites structures agiles sur tout le territoire, affirmation d’une “industrie du prototype”, …) ?
Cette intervention, filmée dans le cadre de BIG 2024 au sein de la Bulle “French Touch”, devrait vous redonner la niaque.
Félicitations aux trois intervenants, de Yann Germain (cofondateur de Werlen Ipsum), Arnaud Roland (directeur adjoint du Numérique de CNC) et Émilie Djiane (productrice chez Have A Nice Day Films) pour leur pédagogie et leur enthousiasme !

Diversité et inclusivité en studio et dans les productions

Petite salle clairsemée, militantisme franc du collier et sans pincettes, tonalité générale anarcho-gauchisante anti-néomercantisliste, … On ne s’étonnera donc pas que cette rencontre, organisée en juin dernier en marge des FIFA et MIFA d’Annecy, ait bénéficié de si peu de relais médiatiques (c’est un euphémisme) au-delà du microcosme professionnel concerné par la crue réalité du marché de l’imagerie en France et concrètement engagé pour son évolution progressiste.

Étudiants, étudiantes, parents, parentes, spectateurs, spectatrices, professionnel.le.s de la profession ou néophytes, écoutez attentivement tout ce qui se dit ici (même les gros mots qui disent une colère salutaire), prenez des notes s’il le faut, profitez pleinement de votre chance d’assister enfin, en temps réel, à la mutation – lente, très laborieuse mais inéluctable – d’un monde de Bisounours vers sa maturité culturelle, sociale, économique et politique !
Nuls doutes que vous vous sentirez requinqué.es pour les dix prochains mois après le visionnage de ces 90 minutes de débat pédagogique particulièrement réjouissantes !

Crise ? Rebond ?

Normalement, plus personne n’est censé ignorer que 3DVF est l’un des très rares – sinon le seul – média francophone à observer et promouvoir avec expertise les enjeux de l’enthousiasmante et transversale filière de l’imagerie (forcément numérique) et des industries créatives.
Son instructif article aux relents de méthode Coué, “Emplois dans l’animation et les effets visuels : après la crise, le rebond ?“, nous donne l’occasion de relayer ici la captation du webinaire “Recherche de stage” que 3DVF a organisé en février dernier autour d’un panel de talent acquisition managers (“responsables de la détection et de l’embauche des talents”, en bon français) représentant quelques têtes de gondole du (super)marché de l’animation et des VFX.
Au-delà des réponses et conseils précieux apportés aux futures professionnelles, cette vidéo peut se révéler très instructive pour quiconque – jeunes en phase d’orientation ou parents angoissés par les velléités technico-artistiques de sa progéniture, par exemple – souhaite se forger rapidement une idée de la situation, présente et à venir à court terme.
A bons entendeurs.

Embouteillages, ce n’est que le début

Les plus jeunes d’entre vous, qui s’intéressent professionnellement à la création animée, le savent déjà, quantité d’influenceurs sérieux et autres “coaches” à distance s’activent sur les réseaux sociaux et prodiguent des analyses pertinentes et de précieux conseils, en particulier à destination des néo- et aspirants professionnels désireux de faire carrière dans le cinéma d’animation, les jeux vidéos ou les effets visuels numériques, voire les trois en même temps.
Un récent post de Jérémy Trilles, animateur 3D et formateur en région Auvergne-Rhône-Alpes, a brillamment résumé les données du contexte actuel, caractérisé par un déséquilibre inquiétant entre le nombre de studios de fabrication présents sur le territoire national et le nombre d’établissements de formation.
Cette synthèse fait écho à la tribune adressée en avril dernier aux ministères du travail et de l’enseignement supérieur, ainsi qu’à France Compétences par l’association TeamAnim (filière animation/jeux vidéos en A.R.A).

Si le résumé à gros traits que nous reproduisons ci-dessous (en l’explicitant a minima pour les néophytes) est alarmiste, il a le mérite de vulgariser l’un des enjeux majeurs de tout une industrie créative tiraillée entre des choix stratégiques contradictoires et possiblement porteurs de sa propre perte.
Cette industrie que le monde nous envie n’est pas condamnée à foncer dans le mur. Il va probablement falloir appuyer sur le frein (le plus tôt sera le mieux), changer de modèle de développement (facile à dire), écouter les lanceurs d’alerte argumentée, lesquels expriment rarement des inepties.


Les stages et alternances en Jeu Vidéo et Cinéma d’animation c’est MORT pour 2024 !
Tu n’as quasiment aucune chance d’en trouver dans ce secteur et je vais t’expliquer pourquoi.


Arrivée massive de demandeurs (de stage, d’alternance)
Il y a environ 50 écoles de 2D/3D en France.
On demande aux 2ème année, 3ème de Bachelor de trouver un stage entre 2 à 6 mois.
Idem, pour les 4ème et 5ème année en Master s’ils ne trouvent pas d’alternance.
4 classes, 4 promo qui sont parachutées pour chercher les même types de stage / alternance.
Il y a environ 15 étudiants par classe.
Au total ça fait… 4 promo x 15 étudiants = 60 étudiants par école
60 étudiants x 50 écoles = 3000 élèves sur le marché du Jeu vidéo / Cinéma d’animation.

On parle ici uniquement des promotions artistiques ( Game Art, Art Graphique, Animation )

Réduction de l’offre de la part des studios
La crise actuelle fait qu’il y a moins de productions, donc moins de besoins en recrutement.
Il n’y a pas assez de visibilité à long terme sur les projets pour s’engager à prendre en alternance sur 1 an.
Le soucis étant que former un Junior monopolise un tuteur qui passe moins de temps en production. Donc c’est coûteux et risqué pendant une crise.


Les contraintes fortes des entreprises
Légalement, une entreprise avec moins de 20 employés ne peut accueillir que 3 stagiaires MAX.
Une entreprise avec plus de 20 employés ne peut avoir que 15% de son effectif en tant que stagiaire.
Donc pour 60 employés = 9 stagiaires MAX.
9 stagiaires pour TOUT poste confondu (management, artistique, programmation, etc…).

Tu comprends donc que mathématiquement, même avec 500 entreprises dans le secteur qui acceptent 9 stagiaires chacune (4500 au total sur TOUT type de poste), il est impossible qu’il y ait de la place ne serait-ce que pour la moitié des 3000 étudiants sur le marché, compte tenu des contraintes citées.