Crise ? Rebond ?

Normalement, plus personne n’est censé ignorer que 3DVF est l’un des très rares – sinon le seul – média francophone à observer et promouvoir avec expertise les enjeux de l’enthousiasmante et transversale filière de l’imagerie (forcément numérique) et des industries créatives.
Son instructif article aux relents de méthode Coué, “Emplois dans l’animation et les effets visuels : après la crise, le rebond ?“, nous donne l’occasion de relayer ici la captation du webinaire “Recherche de stage” que 3DVF a organisé en février dernier autour d’un panel de talent acquisition managers (“responsables de la détection et de l’embauche des talents”, en bon français) représentant quelques têtes de gondole du (super)marché de l’animation et des VFX.
Au-delà des réponses et conseils précieux apportés aux futures professionnelles, cette vidéo peut se révéler très instructive pour quiconque – jeunes en phase d’orientation ou parents angoissés par les velléités technico-artistiques de sa progéniture, par exemple – souhaite se forger rapidement une idée de la situation, présente et à venir à court terme.
A bons entendeurs.

État des lieux de la structuration de l’animation (sic) en France et en Normandie

Mardi 8 octobre 2024 à 16h00 à l’école Lanimea (Caudebec-lès-Elbeuf – 76), quelques jours avant la Fête de l’animation, cette rencontre permettra de regarder de plus près comment s’organise et se développe ce secteur, en France avec l’Association Française du Cinéma d’Animation, et dans notre région avec Normandie Animation.

Pour s’inscrire (entrée gratuite dans la limite des places disponibles), c’est ici.

Appel à films pour Un’Anime 2024

Pour sa huitième édition., le concours de film d’animation amateur lance aujourd’hui son appel à candidatures inspirées par le mot d’ordre “A FOND !”
Les participants ont jusqu’au 30 août 2024 pour envoyer leur création animée (individuelle ou collective, de trois minutes maximum). La cérémonie de remise des prix – “Jeunes Talents”, “Amateurs” et “Confirmés”, prix de Réalisation, du Scénario et de l’Audace – se déroulera le samedi 28 septembre 2024.

> Conditions de participation, détails du règlement et autres infos, ici.

Tant que ça ?!

S’il est bien sûr trop tôt pour connaître les retombées économiques des festival et marché internationaux du film d’animation d’Annecy (plus de 19 millions d’euros en 2019 sur une seule semaine), le service après-vente du plus-important-événement-culturel-de-l’univers-dédié-à-la-création-animée-dans-toute-sa-diversité-hybridée publie le bilan de son édition 2024, lequel est plus qu’impressionnant.

Quant à son palmarès, il a le grand mérite de célébrer à juste titre la stop-motion déviante d’Adam Elliot, le talent de Gints Zilbalodis (3D “temps réel” contemplative), les pousses-pieds portugais, la science-fiction féministe, la fraternité face à la calvitie, le chat “uncanny valley” de Pictoplasma, la liberté d’Alfred Nakache, la queerness des carottes. Autrement dit, un excellent cru.

Mais attention au revers de la médaille ! Le rédacteur en chef du média étasunien Cartoon Brew, Amid Amidi (habitué d’Annecy depuis des décennies) publie parallèlement une charge aussi sévère que lucide qui illustre le fait que les limites de cet événement ont probablement été dépassées.
Un constat amer en trois points (traduction littérale) :
“1. Annecy est victime de son propre succès
2. La connerie des entreprises ruine l’événement
3. Annecy devient un danger de santé publique”
Le rabat-joie oublie de préciser que les symptômes qu’il décrit, depuis son lit avec un COVID choppé sur les bords du lac, ont déjà fait fuir pas mal de professionnels depuis le début des années 2000.

Création animée / édition jeunesse

Aussi étonnant que cela puisse paraître, en 2024, les deux secteurs consanguins des industries créatives que son l’édition de livre “jeunesse” et la production de contenus animés s’activent assez peu de manière coordonnée.
Le tout récent partenariat entre le programme européen Cartoon Media (lobbying et promotion en faveur de la production industrielle d’animation) et la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne (incontournable parmi les Incontournables), à travers son Centre des droits TV/Film conçu pour soutenir le réseautage entre producteurs et éditeurs, symbolise “une puissante synergie entre les secteurs de l’audiovisuel et du livre“.

Reste plus maintenant qu’ faire descendre l’information jusqu’au niveau local, par exemple, au hasard, pour impulser les synergies entre Normandie Livres & Lecture et “Normandie Animation”… 😉

Embouteillages, ce n’est que le début

Les plus jeunes d’entre vous, qui s’intéressent professionnellement à la création animée, le savent déjà, quantité d’influenceurs sérieux et autres “coaches” à distance s’activent sur les réseaux sociaux et prodiguent des analyses pertinentes et de précieux conseils, en particulier à destination des néo- et aspirants professionnels désireux de faire carrière dans le cinéma d’animation, les jeux vidéos ou les effets visuels numériques, voire les trois en même temps.
Un récent post de Jérémy Trilles, animateur 3D et formateur en région Auvergne-Rhône-Alpes, a brillamment résumé les données du contexte actuel, caractérisé par un déséquilibre inquiétant entre le nombre de studios de fabrication présents sur le territoire national et le nombre d’établissements de formation.
Cette synthèse fait écho à la tribune adressée en avril dernier aux ministères du travail et de l’enseignement supérieur, ainsi qu’à France Compétences par l’association TeamAnim (filière animation/jeux vidéos en A.R.A).

Si le résumé à gros traits que nous reproduisons ci-dessous (en l’explicitant a minima pour les néophytes) est alarmiste, il a le mérite de vulgariser l’un des enjeux majeurs de tout une industrie créative tiraillée entre des choix stratégiques contradictoires et possiblement porteurs de sa propre perte.
Cette industrie que le monde nous envie n’est pas condamnée à foncer dans le mur. Il va probablement falloir appuyer sur le frein (le plus tôt sera le mieux), changer de modèle de développement (facile à dire), écouter les lanceurs d’alerte argumentée, lesquels expriment rarement des inepties.


Les stages et alternances en Jeu Vidéo et Cinéma d’animation c’est MORT pour 2024 !
Tu n’as quasiment aucune chance d’en trouver dans ce secteur et je vais t’expliquer pourquoi.


Arrivée massive de demandeurs (de stage, d’alternance)
Il y a environ 50 écoles de 2D/3D en France.
On demande aux 2ème année, 3ème de Bachelor de trouver un stage entre 2 à 6 mois.
Idem, pour les 4ème et 5ème année en Master s’ils ne trouvent pas d’alternance.
4 classes, 4 promo qui sont parachutées pour chercher les même types de stage / alternance.
Il y a environ 15 étudiants par classe.
Au total ça fait… 4 promo x 15 étudiants = 60 étudiants par école
60 étudiants x 50 écoles = 3000 élèves sur le marché du Jeu vidéo / Cinéma d’animation.

On parle ici uniquement des promotions artistiques ( Game Art, Art Graphique, Animation )

Réduction de l’offre de la part des studios
La crise actuelle fait qu’il y a moins de productions, donc moins de besoins en recrutement.
Il n’y a pas assez de visibilité à long terme sur les projets pour s’engager à prendre en alternance sur 1 an.
Le soucis étant que former un Junior monopolise un tuteur qui passe moins de temps en production. Donc c’est coûteux et risqué pendant une crise.


Les contraintes fortes des entreprises
Légalement, une entreprise avec moins de 20 employés ne peut accueillir que 3 stagiaires MAX.
Une entreprise avec plus de 20 employés ne peut avoir que 15% de son effectif en tant que stagiaire.
Donc pour 60 employés = 9 stagiaires MAX.
9 stagiaires pour TOUT poste confondu (management, artistique, programmation, etc…).

Tu comprends donc que mathématiquement, même avec 500 entreprises dans le secteur qui acceptent 9 stagiaires chacune (4500 au total sur TOUT type de poste), il est impossible qu’il y ait de la place ne serait-ce que pour la moitié des 3000 étudiants sur le marché, compte tenu des contraintes citées.

L’anim’ est un long fleuve tranquille

Téléchargeable gratuitement (ici), la version actualisée de l’imposant (350 pages) “Guide de survie” pour les néo-professionel.les de la création animée, conçu par Antoine David et le Pôle Magélis d’Angoulême, est disponible depuis peu.
Simple à lire (gros textes et plein d’images parce que c’est vrai qu’en 2024, lire un livre sans images c’est trop fatigant), relu et approuvé par les organismes en charge du labeur quotidien, ce document est d’utilité publique.

Carte des aides territoriales à l’animation 2023

Coucou, revoilou notre carte schématique des aides à l’animation, réalisée à partir des données publiées par l’agence du cinéma et de l’audiovisuel de Centre Val de Loire, Ciclic, dans son “Panorama annuel des interventions territoriales” !
Depuis notre précédente infographie en 2021, l’eau a coulé sous les ponts et, le moins que l’on puisse dire, est que la Normandie s’étant dotée d’une aide spécifique au développement de projet animé, laquelle – directement ou indirectement – stimule les productions normandes, notre région va pouvoir (enfin) bénéficier des retombées économiques directes (en emplois surtout) générées ailleurs en France par la création animée.

La consultation de ces données croisées, fait notamment apparaître deux anomalies. L’une, très négative, est le spectaculaire désengagement de la région Auvergne Rhône-Alpes dans le financement du cinéma et de l’audiovisuel par rapport aux années précédentes.
L’autre, très positive, est le soutien remarquable et mérité (140k € sur un fonds d’aide global de 295k € fléché vers l’animation) à “Nouvelle Page”, l’exemplaire projet de série porté par la société coopérative, Scalae Productions.
Vite des émules !

Concernant la Normandie, le passage inédit d’un timide soutien moyen annuel, tournant jadis autour des 30k € (0€ en 2019 et 2021), à 390 000 € aujourd’hui, est dû spécifiquement aux projets de long métrage de Sylvain Chomet et de la première série pre-school à laquelle sont associés des professionnel.les normand.es. Les détails sur cette page.