Mieux vaut tard que jamais

L’information a mis le temps pour remonter jusqu’au cerveau mais on y arrive enfin ! Quelle découverte ! Les films de dessins animés peuvent constituer un outil de communication et de soft power surpuissant, à condition qu’ils soient bien produits, fabriqués avec un savoir-faire solide et un minimum de sincérité (ce dernier point étant probablement le plus important) !
Nous mentionnons ici même, depuis plusieurs années déjà, les films publicitaires “légèrement exagérés” valorisant les patrimoines de l’état de l’Oregon (émanant en partie des talents français du studio Sun Creature) comme les emblématiques exemples de campagnes d’attractivité territoriale au rayonnement mondial assuré.
En 2022, nous nous “félicitions” même de la participation financière de notre région pour pouvoir figurer dans cette publicité japonaise pour le groupe LVMH.

Aujourd’hui, c’est au plus haut niveau de l’État que les dessins animés sont appelés à la rescousse pour valoriser les atouts de la France.
Mais attention, pas avec le style de Michel Ocelot ou de Jean-François Laguionie, faudrait pas pousser Mémé dans les orties non plus.

Les professionnels intéressés pour postuler sauront où se connecter pour répondre à ce marché opportuniste.
Quant aux grognons amateurs d’animation japonaise qui se souviennent encore du “monde d’avant” dans lequel le seul terme de “japanim” valait disqualification, qu’ils ricanent et rancunent autant qu’ils veulent.

Le marché de l’animation en 2022

Marronnier du printemps agonisant, voici la synthèse annuelle des “Tendances du marché de l’animation française” (53 pages) que vient de publier le CNC (Centre National du Cinéma et de l’image animée).
Et nous, à Normandie Animation, aimons bien relayer ce non-événement comme on lance une bouteille à la mer, en espérant – l’espoir fait vivre – qu’il tombe entre des yeux intéressés pour en saisir l’essentiel : un marché dans une forme insolente, des chiffres de l’emploi en hausse et toujours pas le moindre bénéfice pour le territoire normand, faute de soutien et d’accompagnement digne de ce nom au développement de notre filière et à l’implantation de structures désireuses de quitter le noyau parisien sur-pollué.
Néanmoins, réjouissons-nous pour les autres régions et territoires d’outre-mer qui récoltent avec satisfaction les fruits de leurs investissements. Le ruissellement, ça existe vraiment. Demandez-leur.
Et répétons, encore et encore, aux jeunes professionnels et aux parents circonspects d’adolescents désireux de s’orienter dans les innombrables métiers du secteur de la création animée : foncez pendant qu’il est encore temps !

Pour celleux qui détestent lire (comme on les comprend) ce type de prose, consultez ici la synthèse de la synthèse (9 pages)

 

Grand prix du long métrage Annecy 2023

Consécration logique – et sans surprise pour ceux qui ont su voir dans La jeune fille sans mains (2016) l’émergence d’un cinéma français d’animation de long métrage innovant et mature – consécration donc pour Sébastien Laudenbach et sa compagne Chiara Malta, qui viennent de remporter le Cristal du long métrage lors de l’édition du Festival International du Film d’Animation d’Annecy qui s’est clôturée samedi dernier.
Le film sortira en salles le 18 octobre prochain. Ne le manquez pas !

Consultez l’intégralité du palmarès d’Annecy 2023

 

Palme d’or 2023 du court métrage

Qui a dit que le cinéma d’animation n’était pas assez représenté et valorisé à Cannes cette année ?
La Palme d’or du court métrage (tous registres confondus) a été attribuée au sublimement désenchanté 27 de Flóra Anna Buda.

On notera – sans arrière pensée aucune 😉 – que ce court métrage hongrois a été coproduit par les français de MIYU, avec le soutien d’Arte France (où il sera diffusé à partir du 10 juin), des régions Centre-Val de Loire (via Ciclic) et Nouvelle-Aquitaine (via Magélis).
A bon entendeur…

 

 

 

 

 

 

Quatre longs métrages à ne pas manquer

Une fois n’est pas coutume, voici une nouvelle alerte pour signaler la sortie à court et moyen termes de quatre longs métrages dont l’exploitation pourrait être relativement compliquée par leur forme singulière, leurs sujets originaux, leur évident anti-conformisme, et bien sûr par une concurrence sévère d’œuvres – japonaises et américaines à venir – plus consensuelles et à plus grand rayonnement médiatique.
Autrement dit, Normandie Animation prend position pour ces productions innovantes à plus d’un titres qui honorent, chacune à leur manière, le grand art du cinéma d’animation d’auteurs.

• Le 7e long métrage réalisé par la cinéaste roumaine surdouée Anca Damian. L’île est un film hybride, expérimentale, engagé, d’une force poétique indéniable. Il devrait cependant passer inaperçu. L’île fait partie de ces œuvres, comme Archipel l’année dernière, qui repoussent les limites visuelles et narratives du cinéma d’animation et ouvrent de fait de nouveaux horizons aux spectateurs lassés par les formats conventionnels. Encore faut-il prendre le risque d’aller jusqu’à la salle de cinéma pour le comprendre pleinement.
> la bande-annonce
Sortie initialement annoncée le 3 mai 2023 et reportée au 7 juin 2023

• Sorti aux États-Unis en 2022, passé de peu à côté de l’Oscar en février dernier, le phénoménal Marcel, The Shell With Shoes On est un petit miracle ! Drôle, fédérateur, émouvant et surtout magistralement écrit/réalisé/mis en scène/animé/dialogué/monté/produit, i plus, ni moins, il est LE long métrage d’animation à ne pas manquer cette année. Celui qui vous marquera très longtemps, que vous soyez enfants (de grâce n’ayez pas peur de la V.O sous-titrée, vous serez récompensés par la performance de jenny Slate !) ou adultes, jeunes ou vieux.
> la bande-annonce
Sortie le 14 juin 2023

• La star de la prochaine Fête de l’animation en octobre sera incontestablement Linda. Elle veut du poulet et finira par l’avoir. Quoi que.
Le deuxième long métrage de Sébastien Laudenbach (Le jeune fille sans mains) est coréalisé avec sa compagne, Chiara Malta. Il se trouve que ce beau projet au long court a été soutenu à la réécriture par la Maison de l’Image de Basse Normandie, voilà plus de douze ans. Le règlement de cette agence régionale, remplacée par Normandie Images depuis 2018, permettait alors à des projets sans liens avec la région d’être soutenus. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Un ange passe.
> un extrait et un autre extrait et encore un autre extrait, à défaut de bande-annonce
Sortie annoncée le 18 octobre 2023

• Très attendu, peut-être trop, par les geeks de l’animation sensationnaliste, le premier long métrage de Jérémie Perin (Last Man) s’intitule Mars Express et devrait être l’autre événement animé de l’automne. Événement si toutefois il tenait ses belles promesses – auxquelles nous voulons croire volontiers aujourd’hui – d’un retour des dessins animés de science fiction, dépoussiérés depuis René Laloux et Jean Chalopin, et ouverts sur de nouveaux imaginaires. Verdict fin-novembre.
> en attendant la bande-annonce, un extrait du film
Sortie annoncée le 22 novembre 2023

 

Pendant ce temps-là à Cannes

C’est en pleine 76e édition du Festival de Cannes que Mme Rima Abdul-Malak, ministre de la Culture, a présenté ce vendredi 19 mai 2023, les lauréats de l’appel à projets « La grande fabrique de l’image » de France 2030.
Ce plan d’investissement à hauteur de 350 millions d’euros est fléché en direction de studios de tournage (vues continues et animation), d’unités de production d’effets spéciaux et de jeux vidéos, et d’organismes de formation aux techniques de l’imagerie (de l’écriture à la post-production).

Le signal est fort, l’annonce historique, oui “historique”. Il témoigne – enfin – d’une prise de conscience au plus haut niveau des enjeux et bénéfices économiques pour les territoires qui investissement dans ce secteur d’activités éminemment transversal.
“1€ d’argent public = 7,6€ de retombées” directes pour les caisses du territoire d’accueil des entreprises de fabrication de contenus cinématographiques/audiovisuels/numériques, annonce fièrement le dossier de presse officiel.
Complétons en surenchérissant : contrairement au cas de l’accueil de tournage de grosses productions (finalement assez rares, comme Les trois mousquetaires) qui génèrent des retombées immédiates, très localisées et provisoires, l’implantation d’un studio d’animation entraîne des retombées bien plus importantes (entre 10 et 14 € pour 1€ investi), durables puisqu’il s’agit là d’emplois, d’impôts et de charges inhérentes, bénéficiant au territoire d’implantation, emplois difficilement délocalisables.

Si cette annonce ne peut que réjouir les ardents promoteurs de la filière artistique et économique globale de la création animée (cinéma, série, VFX, jeux vidéos), elle nous laisse un petit goût amer au constat de l’absence totale de projets normands au tableau d’honneur de la “Grande fabrique de l’image”. Laquelle constitue , selon les mots de Mme Abdul-Malack « la relève du cinéma, de la création audiovisuelle et numérique que nous sommes en train de créer ! Cette relève va se déployer dans douze régions, autour de pôles d’excellence pour les tournages, la production numérique et la formation, qui seront vecteurs d’attractivité, d’emploi et de dynamisme, tout en étant vertueux sur le plan écologique. Notre ambition est d’élargir et de diversifier le vivier de talents, aussi bien créatifs que techniques, de développer les compétences de la filière et d’offrir à la jeunesse l’opportunité de porter de nouveaux récits pour nourrir nos imaginaires. »
Il sera toujours temps de redresser la barre, pour “France 2060” 😉

 

 

Appel à projets : “Premières pages”

Belle initiative en Pays de Loire, avec le lancement d’une nouvelle collection de premiers films d’animation, “Premières pages”.
Il s’agit de reprendre le concept “En sortant de l’école“, porté pendant plus de dix ans par la société de production Tant Mieux Production et France Télévision, pour “faire la courte échelle (scala) aux jeunes talents issus des écoles.
Ce projet renforce un écosystème artistique régional déjà très dynamique reliant notamment Fontevraud (“Les chemins de la création“, diverses résidences de création artistique), Angers (NEF Animation, le festival “Premiers plans” et une nouvelle société de production coopérative ScalaÉ) et Nantes (L’incroyable Studio).

Pour télécharger l’appel à projets “Premières pages”

 

 

Rencontre “Maternelle au cinéma”

En préfiguration du lancement à titre expérimental, à la rentrée prochaine, du nouveau dispositif d’éducation à l’image “Maternelle au cinéma” dans le Calvados, Normandie Animation s’associe à la coordination départementale d’École & Cinéma pour organiser une rencontre d’échanges pour questionner la pertinence – dont beaucoup doutent encore – et l’efficience de ce nouvel outil de sensibilisation à l’expérience cinématographique dès 3 ans.
Coïncidence (?) le catalogue de films de “Maternelle au cinéma” est particulièrement riche en films d’animation, en grande partie de marionnettes.
Coïncidence (??) cette rencontre est opportunément organisée en marge de l’exposition “Les fables de Niki Lindroth von Bahr“, laquelle éclaire parallèlement les spécificités et accessibilité de l’animation stop-motion.
Coïncidence (???) cette opération se déroulera le mercredi 3 mai, de 14h à 16h dans l’auditorium de la Bibliothèque Alexis de Tocqueville à Caen.

Accès libre et principalement réservé aux enseignants et autres passeurs impliqués dans la médiation culturelle, l’éducation aux images et médias, aux exploitants de salles de cinéma.
Renseignement et inscription (gratuite) auprès de Pierre Gallo (Académie de Normandie) : pierre.gallo@ac-normandie.fr

Télécharger le communiqué de la rencontre

 

Conférence et journée d’ateliers à Caen

Deux rendez-vous en approche, dans le cadre de l’exposition “Les fables de Niki Lindroth von Bahr” et du focus inédit en Normandie sur l’animation de marionnettes à la Bibliothèque Alexis de Tocqueville :
• une conférence de vulgarisation artistique, accessible à tous, donnée par Jean-Christophe Perrier (spécialiste du cinéma d’animation international) “Les marionnettes animées sont-elles vivantes ?
Cette rencontre permettra d’appréhender les raisons du phénoménal regain d’intérêt, notamment auprès des publics adultes, que connaît aujourd’hui l’art de la ciné-marionnette (stop-motion) après 120 ans d’existence.
Vendredi 14 avril à 18h30
Accès libre dans la limite des places disponibles

• Une journée entière d’ateliers d’initiation aux techniques des dessins animés et de l’animation stop-motion, en collaboration avec Lanimea, école d’animation  de Caudebec-lès-Elbeuf.
Ces ateliers seront encadrés par des professionnels du film d’animation, Nicolas Diologent et Thomas Lasnon, et des élèves de Lanimea.
Samedi 15 avril, entre 10h30 et 18h30
Accès libre dans la limite des places disponibles

Renseignement Bibliothèque Tocqueville : 02.31.30.47.00
Des visites commentées de l’exposition “Les fables de Niki Lindroth von Bahr” sont possibles sur demande, le samedi 15 avril, entre 10h30 et 17h30.
Une visite guidée est prévue à 15h.