Dans l’angle-mort de la création animée

Les effets visuels numériques (VFX) constituent une part importante du vaste secteur professionnel de la création animée. Ce constat est loin d’être une évidence pour les pouvoirs publiques, pour la majorité des jeunes aspirant à exercer dans les métiers de l’imagerie et même pour les acteurs des Industries Culturelles et Créatives, lesquels adorent les étiquettes, le corporatisme “identitaire”, en veillant bien à ne pas mélanger torchons et serviettes.
Autrement dit, les VFX passent généralement sous les radars médiatiques et l’on ignore qu’ils représentent en France un domaine d’activités particulièrement dynamique, naturellement transversal, pourvoyeur d’emplois à fortes valeurs ajoutées et à la pointe des avancées technologiques en matière de fabrication d’images et de sons.

On pourra lire pour s’en convaincre le dernier rapport publié par le CNC à l’occasion du dernier PIDS Enghein (Festival des effets spéciaux), “L’emploi dans les effets numériques en 2024“, en s’interrogeant, par exemple au hasard, sur les raisons de la vacuité normande en la matière.

Parmi des grandes conclusions à retenir de ce rapport (dont nous vous recommandons fortement la lecture à toutes fins utiles) : la montée en puissance des VFX français, la centralisation du parc d’entreprises dédiées, la maturation du secteur (pérennisation des contrats, allongement des carrières, augmentation de la masse salariale, …), l’énorme besoin de féminisation de la profession pour rééquilibrer un secteur trop fortement genré, atténuer les écarts de rémunération et accessoirement profiter d’apports créatifs indéniables.
On en reparle dans dix ans.

Pourquoi adhérer à Normandie Animation ?

Parce que c’est NOTRE PROJEEEET !!!!
Parce que tant que les professionnel.les normand.e.s de la création animée (cinéma, audiovisuel, VFX, jeux vidéos, réalités mixtes) ne seront pas fédéré.e.s, leur poids sur les décisions des pouvoirs publics en matière de soutien au développement d’une filière professionnelle transversale à fortes retombées économiques pour le territoire régionale restera insignifiant.
Parce que la cinquantaine d’étudiant.e.s diplômé.e.s qui sortent chaque année des deux écoles spécialisées implantées en Normandie quitte la région, faute de structures pour les employer, alors que les 3/4 d’entre eux aimeraient y rester.
Parce qu’il faut bien, par défaut, faire le boulot de recensement et de valorisation des compétences en présence, d’accompagnement des pros et des futurs pros, de représentation auprès des institutions, de conseils.
Parce que la Normandie est super-attractive, idéalement située mais pas encore dotée d’un bureau d’accueil, d’accompagnement et de soutien des entreprises des ICC désireuses de s’y implanter.
Parce ce que l’IA et la crise climatique vont reconfigurer radicalement le marché de l’imagerie française, pour le pire mais aussi, peut-être, pour le meilleur.
Entre autres…

Pour adhérer et ou vous impliquer concrètement dans nos actions d’intérêt public, merci de vous manifester sur administration@normandie-animation.org
La prochaine AG de Normandie Animation se déroulera, ça tombe bien, le 22 février prochain, en présentiel à Lanimea ou en visio. Elle est réservée aux adhérent.e.s de Normandie Animation.

(Re)découvrir la galaxie Matsumoto

Pourquoi l’œuvre de Leiji Matsumoto a-t-elle eu un tel impact sur la pop culture mondiale ?
Aurait-elle dépassé les frontières du Japon sans ses adaptations animées, réalisées par Rintaro ?
Pour le savoir, deux manifestations parisiennes proposent consécutivement un éclairage inédit en France de la production croisée de ces deux pointures du manga et des dessins animés nippons.
On en rirait presque au souvenir des tombereaux d’injures méprisantes proférées à leur égard dans les institutions culturelles et les médias français depuis leur arrivée sur le petit écran, à la fin des années 70 du siècle précédent, jusqu’à une période très récente…

Primo, le musée Guimet, musée des arts asiatiques, valorise “L’héritage de Leiji Matsumoto – Un voyage interstellaire“, via une série de rencontres-hommages (projections et table-ronde) du 22 au 25 février 2024.
Secundo, le Forum des Images (médiathèque de Paris) proposera très prochainement, le samedi 3 février, une master class de Rintarô, dans le cadre de sa programmation Tout’anim’.

Si avec ça, vous n’avez pas envie de vous retaper l’intégrale d’Albator et de Galaxy Express 999, c’est peut-être qu’on a définitivement changé d’époque.

Manifeste pour des formations socialement inclusives

Toujours dans le prolongement de la dernière édition des RADI/RAF d’Angoulême (novembre 2023), voici la captation d’une intervention en binôme qui devrait intéresser les étudiants (et leurs parents), désireux de s’orienter vers les métiers de l’imagerie animée, les enseignants, voire les pouvoirs publics qui ne s’inquiètent pas assez du déséquilibre global et de la qualité de l’offre de formations spécialisées sur le territoire.

Parallèlement, vous constaterez que la question centrale de l’inclusivité des populations, aux revenus modestes et aux talents potentiels pourtant indéniables, dans le secteur transversal de l’imagerie prend chaque année une importance croissante dans les réflexions et stratégies de développement, en terme de régulation du marché de la formation professionnelle dédiée.
Tôt ou tard, il y aura écrémage. Ce sera violent mais nécessaire. Il ne faudra pas s’étonner et encore moins pleurer.

Une pensée amicale et nos sincères félicitations à Franck Petitta (directeur de l’École Méliès) pour sa persévérance depuis tant d’années à défendre une conception singulière et proche du compagnonnage de “l’artisan de l’image”, approche qui mériterait d’être considérée avec plus d’égards. C’est dit.

Formation des scénaristes pour l’industrie de l’animation ?

Ah bon ? “Scénariste pour l’animation”, c’est un savoir-faire ? C’est un métier ?!
Ah bon, ce métier, collaboratif et non pas strictement “individualiste”, est principalement vivable/rentable si l’on se plie aux règles contraignantes imposées par l’industrialisation de l’animation ? Autrement dit, si l’on exerce pour la série TV et le long métrage, et plus rarement pour le format court ?
Quoi, la majorité des scénaristes d’animation industrielle sont autodidactes et issu.e.s de cursus universitaires sans liens avec l’image animée ? Ah mais cela explique beaucoup choses !
Comment ? Seulement en 2023, commencent à se multiplier les formations professionnelles spécifiquement dédiées aux scénaristes d’animation ? Des formations qui intègrent dans l’écriture la connaissance précise des spécificités de production, de fabrication et de diffusion de l’animation ?

Bon, maintenant vous savez ce qui vous/nous reste à faire…

Préparation à l’impact !

Pour toutes celles et ceux qui n’ont pas eu le loisir d’assister aux annuelles RADI/RAF d’Angoulême, nous vous recommandons très vivement le visionnage des captations des interventions les plus marquantes, diffusées sur le portail de l’infographie française 3DVF.
Et plus particulièrement – parce qu’il s’agit de la préoccupation majeure, après l’apocalypse environnementale, de tous les corps de métiers, et à plus forte raisons, des métiers des Industries Culturelles Créatives (ICC) – la présentation de Quentin Auger “IA générative en vue. Préparation à l’impact !” sur les tenants et aboutissants à très court terme des outils numériques basés sur l’Intelligence artificielle génératrice de contenus.

A l’heure où l’évolution de ces technologies est si rapide et exponentielle qu’elle devient proprement impossible à suivre, tout propos vulgarisateur permettant a minima de poser (“pauser”) le débat est le bien venu. Car le développement tous azimuts des IA et leurs conséquences sur le fond et la forme de toute création inquiète, effraye autant qu’il fascine.
Pour éviter la sidération tétanisante du lapin face aux phares de voiture, comprendre de quoi on parle, les enjeux et les recherches en cours est désormais plus que nécessaire.

Le QRcode à scanner pour accéder au serveur Discord de Creative Machines (projet de communauté française de “chercheurs” sur les IA)

Tendances du marché de l’animation française

Comme chaque année, le CNC profite de la tenue des RADI-RAF à Angoulême pour publier son rapport sur les tendances du marché de l’animation.
Comme chaque année, ce machin n’intéresse que celles et ceux qui réfléchissent à l’évolution d’un secteur d’activités, aussi artistique qu’industriel, à l’échelle nationale et territoriale. C’est-à-dire pas grand monde.
Pourtant, et ce n’est pas faute de le répéter ici, cette synthèse récurrente est particulièrement riche en enseignements, en particulier pour les jeunes futurs professionnels de la création animée (le secteur s’hybride et se “transversalise” toujours un peu plus, comme chaque année !).

Pour consulter et/ou télécharger ce document

Oui, vous avez bien lu : “SUR-CONSOMMATION” !
Oui, vous avez bien lu : “AU PLUS HAUT” !
Oui, vous avez bien lu : “OFFRE RECORD” !
Et oui…

Carrefour du cinéma d’animation 2023

20 ans, toutes ses dents et une programmation toujours aussi riche et impressionnante, le Carrefour du cinéma d’animation se déroulera cette année un peu plus tôt que d’habitude, du 22 au 28 novembre prochain, au Forum des Images.
Au programme, de nombreux invités de marques, des avant-premières, des séances “work in progress”, des courts métrages en pagaille, des films d’écoles et les désormais célèbres “Cadavres exquis animés”.

> Le programme complet

Doit faire ses preuves…

C’est nouveau, c’est tout frais, ça sent bon le faux-nez mais le principe mérite qu’on s’y intéresse.
Ce 30 octobre 2023, le lancement à Paris de l’association Animation Society (l’anglais, ça vous pose tout de suite une crédibilité politique) marque le début de quelque chose.
La profession de foi nous dit que cette association “a été pensée comme un véritable trait d’union entre les pionniers, acteurs actuels, jeunes talents et futurs professionnels. Le tout en lien avec les entreprises, écoles et institutions du secteur” et porte “la voix des jeunes professionnels de l’animation […] issus de parcours business et management“.

A suivre ici.